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Feux de forêt : un risque accru par le réchauffement climatique


En asséchant la végétation, le réchauffement climatique entraîne une augmentation du danger météorologique de feux de forêts.


Les chercheurs de Météo-France ont étudié l'évolution de cet aléa au cours du siècle passé et pour les prochaines décennies : il augmente depuis les années 1960 et devrait encore augmenter au cours du XXIe siècle.


Du réchauffement aux incendies

  • Des températures plus élevées favorisent l'évapotranspiration des plantes. La végétation s'asséchant, elle devient plus sensible au développement des incendies.

  • Sur certaines régions, le réchauffement climatique devrait également entraîner une baisse de la pluviométrie durant les saisons propices aux incendies, aggravant le phénomène. C'est le cas de tout le bassin méditerranéen, où tous les modèles climatiques simulent un assèchement. Cette zone est ainsi définie comme un « hotspot » du changement climatique dans le dernier rapport du Giec.

  • Des hivers plus chauds favorisent les attaques de parasites (insectes et champignons) qui sont généralement détruits ou affaiblis par les gelées. Ces attaques entraînent des dépérissements importants de certaines forêts et landes de buis. Une fois morts, ces végétaux sont extrêmement sensibles aux incendies.

La propagation d'un feu de forêt dépend, quant à elle, principalement de la force et de la direction du vent, moins sensibles au changement climatique. Les régions méditerranéennes subissent les effets dévastateurs du mistral et de la tramontane.

Des événements extrêmes plus fréquents dans un climat réchauffé

À l'échelle planétaire, l'année 2019 a été la 2e année la plus chaude jamais observée. Les cinq dernières années sont aussi les cinq années les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde. À l'échelle de la décennie, le constat est le même : la période 2010-2019 a été la plus chaude jamais connue. Chaque décennie, depuis les années 1980, a été plus chaude que la précédente… L'Australie a connu, en fin d'année 2019, des incendies sans précédent s'inscrivant dans le contexte d'une année 2019 record en Australie.

En France, les canicules exceptionnelles de l'été 2019 se sont accompagnées de nombreux incendies dans le Sud-Est mais aussi dans le nord de la métropole.

L'été 2003, qui reste l'été le plus chaud à l'échelle de la métropole, a donné lieu à une saison feux de forêt historique avec près de 60 000 ha brûlés en Zone Sud et 10 accidents mortels. L'an dernier, en 2019, 10 000 ha ont brûlé.

Dans un contexte de réchauffement global et accéléré, les événements extrêmes se multiplient. Les canicules seront plus intenses et plus fréquentes. Certaines zones comme le bassin méditerranéen ou l'Australie méridionale connaîtront aussi des sécheresses accrues. L'évolution des conditions de températures et de sécheresse favorise le développement des feux de forêt et de végétations sur le bassin méditerranéen et plus largement en France.

Selon l'Organisation mondiale de la météorologie, le changement climatique d'origine humaine provoque une augmentation de la sévérité et du nombre des feux, sur des zones géographiques plus étendues avec un allongement de la saison des feux.

La fréquence des incendies pourrait ainsi augmenter sur plus de 37,8 % du territoire mondial, pour la période 2010-2039, pour un scénario de réchauffement d'environ 1,2 °C. Cette part de territoire concerné par le risque de feux pourraient atteindre 61,9 % de la surface terrestre en 2070-2099, pour un réchauffement d'environ 3,5 °C.

En France : une extension géographique et temporelle du risque d'incendies

En 2010, Météo-France a réalisé un rapport sur l'impact du changement climatique sur l'Indice de feu météorologique (IFM) dans le cadre de la mission interministérielle sur l'extension des zones sensibles aux incendies de forêts.

Les chercheurs ont pour cela utilisé une réanalyse atmosphérique (Safran) sur la période passée et un modèle climatique (Arpège-Climat) pour suivre l'évolution de l'IFM de 1958 à l'horizon 2100. Les simulations montrent une augmentation constante de la fréquence des jours présentant un danger météorologique de feux de forêts, ainsi qu'un allongement de la saison propice aux incendies (elle débuterait plus tôt au printemps pour se terminer plus tardivement en automne). L'extension des territoires exposés à ce danger devrait également progresser vers le nord de la France.

La valeur moyenne de l'IFM a augmenté de 18 % entre la période 1961-1980 et la période 1989-2008. À l'horizon 2040, l'IFM moyen devrait progresser de 30 % par rapport à la période 1961-2000. Certaines simulations montrent que cette augmentation pourrait atteindre jusqu'à 75 % d'ici 2060. À cette échéance, une année comme 2003 deviendrait ainsi la norme en matière de danger météorologique de feux de forêts.

Les chercheurs de Météo-France ont ensuite croisé ce danger météorologique de feux avec les cartographies de vulnérabilités aux feux de forêts des principaux peuplements forestiers, établies par l'Office national des forêts (ONF) et l'Inventaire forestier national (IFN). Des cartes de sensibilité potentielle aux incendies de forêts estivaux aux horizons actuel (1989-2008) et moyen terme (2031-2050) ont ainsi été établies.


Article source : meteofrance.fr


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